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ÉDUCATION DE LAURE

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Je sortais de ma dixième année ; ma mère tomba dans un état de langueur qui, après huit mois, la conduisit au tombeau. Mon père, sur la perte duquel je verse tous les jours les larmes les plus amères, me chérissait ; son affection, ses sentiments si doux pour moi, se trouvaient payés, de ma part, du retour le plus vif.

J’étais continuellement l’objet de ses caresses les plus tendres ; il ne se passait point de jour qu’il ne me prît dans ses bras, et que je ne fusse en proie à des baisers pleins de feu.

Je me souviens que ma mère lui reprochant un jour la chaleur qu’il paraissait y mettre, il lui fit une réponse dont je ne sentis pas alors l’énergie ; mais cette énigme me fut développée quelque temps après :