d’une grandeur honnête que je viens
de découvrir me sert de point d’appui
pour l’autre main. Son cou tendu m’allonge
un déplaisant visage, qui, gueule
béante, m’offre une langue apesantie,
que j’évite par une forte contraction
de tous les muscles de ma tête. Enfin,
je prends le galop… Ma vieille sue
dans son harnois ; sa charnière enrouillée
s’électrise, et me rend presque
coup pour coup ; ses bras perdent de
leur raideur, ses yeux se tournent,
elle les ferme à demi, et réellement
ils deviennent insupportables… Sacredieu,
j’enrage, cela ne vient pas ; je la
secoue… et tout-à-coup la bougresse
m’échappe… Foutre, la fureur me
prend, je m’échauffe ; le talon tendu
contre une colonne, je la presse, je
l’enlève ; la voilà qui marche… Ah !
mon ami ! mon petit ! ah ! mon cher
cœur !… je me meurs… Ah ! je n’y
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Tome Ier
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