Page:Mirabeau - Le Libertin de qualité ou Ma Conversion, 1801.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 106 )


vais ; mes pas s’arrêtent machinalement devant la maison de l’infâme ; j’y monte et je tiens encore le fer fumant du sang de mon ami… C’est moi, c’est moi, qui l’ai tué, m’écriai-je en hurlant de douleur ; tiens, monstre, assouvis ta rage ; il n’est plus ; tu voulais qu’il versât mon sang ; tu m’as demandé sa vie, tu lui demandais la mienne ; viens, prends-là, rassasies-toi de carnage. — Le sang-froid, la sérénité, règnent sur son visage ; la joie y perce ; elle ose encore me tendre les bras, me féliciter sur ma victoire… Horrible Mégère ! tremble, cette main que tu as rendu criminelle pourrait te punir. Un geste furieux accompagne ces mots ; elle se précipite à mes genoux, son sein palpite et la pâleur le convie… Je jette mon épée loin de moi ; toute son audace renaît… Et bien, dit-elle, j’ai tout conduit, il est vrai, je le détestais, j’ai alimenté