fonde tristesse ; je la surpris plus d’une
fois versant des larmes qu’elle voulait
dérober. Inquiet, allarmé, je pressai,
je conjurai ; enfin, dans ces momens
où tout entier l’un à l’autre, on ne se
refuse rien, je renouvelai mes efforts ;
alors, avec cette émotion, cet accent
que la vérité seule devrait connaître…
Oh ! mon ami, me dit-elle, cher amant !
je vais navrer ton cœur ; mais j’exige
ta parole : cette parole sacrée que tu
contiendras une trop juste fureur. (Je
promets ce qu’elle me demande)… Tu
croyais le comte ton ami, il n’est qu’un
traître. — Un traître ! lui ? — Oui, un
traître bien lâche, et il a voulu me
rendre sa complice. Il m’a fait l’aveu
de son indigne amour. J’ai essayé de
le ramener à l’honneur, à l’amitié ; j’ai
employé la douceur, les prières, les
larmes… Mais, au nom de l’amitié,
son emportement a été extrême. Je
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