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Vous vous imaginiez que je devais être heureux… eh bien ! je ne l’étais pas. Dans ce beau corps, le temple des grâces, Dorville renferme l’âme d’une furie bizarre, capricieuse ; elle n’a de constance que dans le mal et la noirceur ; intéressée, avare même ; elle n’attire des amans que pour les dévorer. Je suis fâchée, me disait-elle un jour, en parlant d’un malheureux dépouillé par elle, perdu, abîmé sans ressource, je suis fâchée de lui avoir laissé les yeux pour pleurer… Dorville empoisonne tout ; sa langue perfide dénature les choses les plus simples ; son esprit artificieux, fécond en intrigues, cache la dissimulation la plus profonde sous le voile de la naïveté la plus ingénue, méchante ; comme tous les faibles, les crimes ne lui coûteraient rien sans la crainte des supplices. — Eh ! pourquoi vivre avec un pareil monstre ?

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