père la vie qu’il en avait reçue ; les
forfaits ont produit des martyrs, nous
dévastâmes de fertiles contrées, nous
versâmes sans danger des flots de sang.
Nul mortel dévoué à notre vengeance
ne put se dérober à nos coups. Ici, les
fils de Saint-Dominique font périr le
dernier des Valois ; là, ceux d’Ignace
immolent Henri, que des philosophes
osent encore pleurer ; les bûchers, le
fer, les poisons, nous servent tour-à-tour,
les victimes s’amoncèlent, les
bourreaux et les assassins sont fatigués ;
les prisons régorgent d’innocens, et
nous de sang, d’or et de volupté…
Mais nous ne sommes pas rassasiés.
L’esprit de commerce qui s’est venu
joindre à celui de domination, nous
prodigue en vain les trésors du Nouveau
Monde dévasté par notre art aussi
bien que celui-ci, notre avidité s’en
irrite, et nos mœurs n’en sont pas
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