pitié, que son cœur soit plus avide encore
que ses mains ; qu’insensible à
l’amour, mais pétrie de caprices, elle
ne connaisse de la jouissance que des
désirs effrénés, des plaisirs brutaux ;
que tous ses goûts portent l’empreinte
de son caractère ; que le mortel le plus
indigne soit toujours le préféré. Jamais
elle ne saura ce qu’est la connaissance,
syrène dangereuse, elle n’enchantera
que pour dévorer ; mais je veux aussi
que la dissimulation profonde, naturelle
à son sexe, exaltée par mes soins,
soit le voile de tant de perfections ;
qu’aux charmes d’une figure décevante,
elle joigne l’extérieur le plus attrayant ;
que ses talens aggrandissent les blessures
que ses yeux auront faites. Je veux
enfoncer dans son âme toute la scélératesse
de la mienne ; je veux qu’elle
sache abuser jusques dans ces momens
où l’on est sans défense ; je veux enfin
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