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bien accepter pour les frais du voyage. Mon bail expiré, je me retirai très-bien avec le baron que je laissai cocu et content, et mieux avec sa femme qui répandit de grosses larmes ; mais l’ordre du destin m’arrachait de ses bras, et je partis.

Ma dernière excursion champêtre fut à Salency, où je me trouvai le jour même de la fête de la Rosière ; la simplicité touchante de ce spectacle fait pour la candeur et l’innocence, porte jusque dans l’âme de nous autres libertins un attendrissement auquel on ne résiste pas… Sublime effet des sages réflexions, des révolutions salutaires qu’il m’inspira !… Je n’eus pas plutôt vu celle qui venait de remporter la rose, qu’il me prit envie de l’effeuiller. — Cette paysanne avait seize ans, était naïve, sensible et jolie. Je connus avec elle le prix de l’amour ; c’était pour