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tant soit peu l’ours ; mais le mari qui m’observait, me traita bientôt mieux. Je lui apportais vingt recueils de nouvelles ; pendant qu’il les feuilletait, je puis te peindre la belle.

Une brune piquante, un teint coloré, de jolis yeux bien noirs où le foutre pétille ; la bouche très-fraîche, des dents que le pain de seigle rend fort blanches ; ni grande ni petite ; la taille ramassée en jument poulinière de l’avant-main ; un peu tétonnière ; mais cela est dur, blanc et bien tourné ; la croupe normande ; point trop de boyau ; le montoir facile ; la jambe fine comme une biche, et le sabot charmant. Tous ces appas-là n’ont pas vingt ans ; en conséquence cela est très-foutable. Au reste, ridicule dans sa parure, gauche dans son maintien, guindée dans ses propos ; mais ses regards promettent du dédommagement ; et elle prouve