saient de même, faute de mieux. Sœur
Agnès était amoureuse de moi, ne disait
rien et pleurait d’autant. Un jour
de grande récréation, je trouve le
moyen de la chambrer. — Qu’avez
vous belle Agnès ? — Hélas ! je n’en
sais rien. — Depuis huit jours vous
êtes toute changée, vous que l’on
voyait sans cesse rire, folâtrer ; vous
rêvez. — Hélas ! — Vous soupirez…
Agnès ! Agnès ! vous n’avez point de
confiance en moi… moi qui vous aime
tant. — (Ses joues se colorent). Vous
m’aimez ! Ô, mon dieu ! si cela était !
— Agnès, serait-ce vous offenser ?
Hélas ! ce n’est pas ma faute ; vous êtes
si aimable. (Je prends sa main.) —
Oh ! laissez-moi… Sainte Vierge. (Elle
se lève.) — Ma sœur, je le vois, vous
avez peur de moi ; je vous suis odieux.
Eh bien ! je me retire. — Comment tu
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