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vuide, je m’offris à le remplir.

Les premiers jours de notre connoiſſance, j’allai paſſer chez elle quelques moments pour attendre le coucher du roi. Parmi les hommes qui compoſoient le cercle de la marquiſe, je remarquai un grand chevalier de Malthe, fort maigre ; fort pâle, mais qui ſe donnoit des airs de privauté ; le ton mauſſade de la marquiſe me convainquit que c’étoit mon devancier, & qu’il alloit être congédié. Pour aider à le pouſſer dehors, je l’attaquai : je le perſifflai ; il ſe défendit mal. Je ſortis, il me ſuivit… Après le coucher, il me pria de gagner avec lui la piece des Suiſſes, m’aſſurant qu’il avoit quelque choſe à me confier. La nuit étoit belle, nous nous promenâmes ; arrivés

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