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vulguées ; il nous prodiguoit à tous deux les injures ; vingt fois Euphroſie arrêta mon bras. Prêt à la venger, elle ſut m’enchaîner par ſes ſermens ; mais ſon bonheur fut altéré à jamais. Sans ceſſe je la ſurprenois baignée de larmes, & j’y mêlois les miennes… Euphroſie, lui dis-je un jour, hélas ! je cauſe tes douleurs, & je ne puis les adoucir ; nos cœurs ceſſent-ils donc de s’entendre ? Ah ! pourrois-tu jamais me haïr ? — Te haïr ? Ah ! jamais tu ne me fus ſi cher. Cet enfant infortuné que je nourris dans mon ſein ! naîtra ſous de cruels auſpices ſans doute ; mais il a reſſerré, s’il eſt poſſible, les nœuds qui m’uniſſoient à toi. Va, mon ami, je ne ſuis point injuſte ; & ſi je t’ai fait des ſacrifices, ne

crois