Page:Mirabeau - Le Libertin de qualité, édition de 1784.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 194 )

Ah ! te voilà ſur les bords du Lignon ? — Tu crains des bergeries & que je ne te faſſe bâiller en m’affadiſſant le cœur… Bourreau ! ne puis-je donc pas me délaſſer un moment dans les bras de l’innocence ?… Qu’elle eſt jolie, cette enfant ! Son teint halé, mais tout en feu quand je l’approche ; ſes yeux que je la force à lever ſur moi, ſont ſi touchans !… Sa bouche, ſans artifice, reçoit & rend le baiſer avec cette ardeur ingénue que je ſais réchauffer encore. Elle n’a que l’éloquence de la nature ; mais combien elle eſt vive lorſqu’elle n’eſt pas corrompue !… Nous parlons peu, nous agiſſons davantage. Met la main dans ce corſet. Eh bien ! as-tu trouvé beaucoup de gorges pareilles ? Comme