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J’entends le bruiſſement des eaux… Hélas ! la Nayade en pleurs n’y roule point ſes flots argentés ; mille canaux empriſonnent ſon onde ; des formes biſarres, des bouches d’airain l’élancent dans les airs ; elle retombe briſée dans ces baſſins où elle ſe perd ſans pouvoir arroſer le bocage qui la deſire… O hommes, votre deſpotiſme réduira donc tout à l’eſclavage !… J’erre dans les détours d’un labyrinthe compaſſé ; la fauvette légere, le pinçon joyeux n’y trouvent point d’aſyle pour leurs amours. Philimele ſeule y fait quelquefois entendre les ſons de ſa douleur ; & la nuit, quand phœbé fait régner le calme & le ſilence, le triſte coucou préſage au maître de ces lieux ſes hautes deſtinées.