Page:Mirabeau - L’Ami des hommes, ou Traité de la population, 1759, t1.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée
36
Mesure de la subsistance.

Telle maison n’avoit, il y a dix ans, du feu que dans les chambres & antichambres de chaque appartement, qui a des poëles aujourd’hui dans tous les cabinets, garde-robes & escaliers. Les femmes suivantes de cette maison ont toutes en particulier leur chambre, leur feu, leur lumière. En un mot, tout a doublé de la sorte. Il faut cependant du terrein employé à ne porter que du bois pour fournir à cette consommation. Le bois devenant la marchandise du meilleur débit, chacun se hâte d’en planter, & de dérober ainsi une portion de son héritage à la nourriture des hommes. Y avoit-il chez les anciens autant de voitures qu’aujourd’hui ? Il faut du bois aussi pour leur entretien. Les cuirs, les graisses, tout ce qu’on tire des bestiaux se consommant au double & presque toujours en pure perte, le paturage a pris le dessus sur le labourage, & depuis long-temps le proverbe est établi qui dit ; qui change son champ en pré augmente son