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Mesure de la subsistance.

mation même de la prodigalité & ce qu’on appelle luxe fait la prospérité d’un grand État ! Ce n’est pas encore ici le lieu de combattre toutes ces illusions de détail ; leur tour viendra. Maintenant il est question de démontrer mon principe, à sçavoir, que la mesure de la Subsistance est celle de la Population.

La multiplication d’une espèce ne dépend pas de sa fécondité. Si la multiplication d’une espece dépendoit de sa fécondité, certainement il y auroit dans le monde cent fois plus de loups que de moutons. Les portées des louves sont très-nombreuses, & aussi fréquentes que celles des brebis qui n’en portent qu’un. L’homme condamne au célibat des armées de moutons ; & je n’ai pas ouï dire qu’il fît aux loups cette espece d’injustice. il tue beaucoup plus de moutons que de loups, & cependant la terre est couverte de la race des premiers, tandis que celle des autres est très rare. Pourquoi cela ? C’est que l’herbe est fort