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Suite des Mœurs & Usages.

que ce projet nuit au commerce, & prive le Roi de ses droits de suzerain aux mutations. Examinons en détail ces deux objections, comme les principales.

l’échange des propriétés n’est point commerce. Le commerce est l’échange des nécessités & commodités de la vie, & nullement celui des propriétés. Quand à Paris les loix & les mœurs assujétissent tout à l’encan, on s’écrie que c’est bien fait, que cela fait circuler les meubles & l’argent, que les gens de Justice, les industrieux du bas commerce, les cu rieux, les inconstans, tout enfin y gagne ; & moi je dis que par mille raisons c’est un usage pernicieux ; & je le prouve. 1°. Que sont donc tous ces gens amassés, qui jouent au plus fin dans le rez de chaussée dévasté de cet Hôtel, qui huit jours auparavant brilloit de meubles utiles & superflus ? Les Huissiers hurlent, les Procureurs écrivent, & ce peuple avide de brocanteurs se tend des pièges adroits, tandis que les gens les plus riches n’ont pas honte de s’associer aux usuriers