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Encouragemens

la dernière génération ; mais ce n’est pas ce dont il est ici question. Ce digne homme, au fond, est un Gentilhomme campagnard, autant qu’un Seigneur peut l’être en France. Il a une grande Charge à la cour, qu’il a faite ; mais d’ailleurs la plus grande partie de sa vie s’est passée dans ses terres, il les connoît toutes, les visite souvent, voit & ordonne tout par lui-même, & a fait en sa vie plus de bien à sa famille, à ses voisins, aux pauvres, à l’État enfin dans sa partie, que les plus beaux esprits n’en ont imaginé.

Ici l’interêt particulier, au-lieu de nuire à l’intérêt public, lui sert. Plus un homme fait valoir ses domaines & en multiplie les productions & plus il fait vivre d’hommes, plus il augmente la subsistance de l’État. Je résume enfin ceci en disant que, si les extrêmes étoient nécessaires, il vaudroit infiniment mieux que la Noblesse ressemblât au Baron de la Crasse qu’aux Marquis de la Comédie ; avec cette