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pour l’Agriculture.

Un Philosophe diroit que celui qui nourrit les hommes fait mieux que celui qui les tue ; mais je ne suis ici que calculateur. De deux choses l’une : ou l’État est servi par les troupes soudoyées, ou chaque citoyen est obligé, en cas d’alarmes, de se porter au secours.

Dans le premier de ces cas, le métier de la guerre convient bien mieux à celui qui n’ayant pas de fonds, est aux gages d’autrui, qu’à celui qui, pour courir en Flandres & en Allemagne, laisse en friche un Canton de l’Auvergne ou du Languedoc. Mais, dira-t-on, vous ne faites donc plus servir l’État que par des mercenaires ? Point du tout, le frère, le fils du cultivateur sont d’aussi bonne race que lui & mais ils n’ont affaire qu’à la guerre, & : c’est-là leur métier.

Dans le second cas, de qui tirerez-vous un meilleur service, ou de celui qui noirci sous le soleil qui dore ses guérets ne connoit de plaisirs que la chasse, & de travaux que ceux de la campagne ;