Page:Mirabeau - L’Ami des hommes, ou Traité de la population, 1759, t1.djvu/175

Cette page n’a pas encore été corrigée
155
à l’Agriculture.

je vois de toutes parts des campagnes fertiles, accablées du poids d’habitations immenses, seules, isolées, & qui de leurs racines arides dessechent une province entière ; & mon postillon qui m’en nomme les Maîtres, sur cent ne me désigne pas trois noms de ma connoissance. Ce coup d’œil frappant au loin, devient triste & froid à mesure qu’on approche ; les plus agréables me représentent les champs Elisées où quelques ombres se promènent en silence, & boivent des eaux du fleuve Lethé. Je me rappelle alors le coup d’œil de la chaussée de Loire, celui des bords de la Garonne, de Villeneuve d’Avignon, la Viste à Marseille, les côtes d’Alsace & autres pays véritablement vivans, les environs d’Orléans, de Lyon, de Marseille, &c. Cet amas de maisons particulières qui ne sont presque féparées que par leur vigne & leur verger, ce peuple agissant pendant le jour, dansant au clair de la lune, tandis que le bruit de