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Ce qui nuit

chacun ose & jouit maintenant à sa guise du fruit de ses travaux & de son bonheur, mais le fait est qu’on ne veut point des terres. Examinons en passant les causes de cet engourdissement si fatal à l’Etat.

Raisons qui nous font dédaigner les terres. La première sans contredit & la plus réelle est le prodigieux gonflement de la Capitale ; tout l’argent y vient par les raisons déduites ci-dessus. L’homme suit le métal, comme le poisson suit le courant de l’eau, et tout vient à Paris. Les délices & les préjugés de la Capitale tendent tous à établir la mollesse et l’éloignement du travail pour qui peut s’en passer. Les terres demandent des soins & quelque résidence du moins passagére ; on ne veut point de cela : les campagnards sont si rebutans ; quelle société ! (car à force de parler société nous deviendrons tout-à-fait insociables) les parcs de nos pères sont si raboteux : point d’arbres en boule, ni treillage en bois dans les dehors : moins encore d’entre-sols,