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Ce qui nuit

qu’il y avoit eu autrefois quelques sortes de notions chez ces peuples qui ont à peine aujourd’hui figure d’hommes : il assuroit qu’ils avoient jadis connu l’Agriculture & le travail, mais que Bientôt on la leur fit oublier par deux arrangemens politiques dignes de l’entendement actuel de ces peuples malheureux. L’un étoit qu’aussitôt qu’un propriétaire faisoit quelque nouvel établissement sur son fonds, qu’il y bâtissoit, plantoit &c. les Receveurs de l’État grossissoient la cotte proportionnelle de cet homme, comme étant plus en état de la supporter qu’un autre. Le second arrangement étoit que sous prétexte de conserver les denrées dans l’État en cas de famine, il étoit défendu non-seulement d’en faire sortir de chez eux, mais même d’en faire passer d’une Province à l’autre sans des permissions nécessairement sujettes à toutes sortes de monopoles, de façon que quand les grains étoient communs, les insectes si voraces en Afrique les mangeoient