réparées, nous attendîmes l’arrivée de Valbouillant, de sa femme et de Babet, qui ne se firent pas longtemps désirer ; les premiers moments de l’entrevue se passèrent en compliments.
— Prince, me dit la gentille Laure, pourquoi mon oncle a-t-il invité ces gens-là ? Cela va nous forcer à une gêne que je savais supporter avant l’intimité de notre liaison, mais dont la connaissance des plaisirs va me rendre incapable.
— Rassurez-vous, repris-je, loin de contraindre notre élan vers la volupté, leur présence en variera les formes.
— Mais un homme marié !… la présence du mari doit bien en imposer à la femme.
— Bon, la présence d’une mère doit bien gêner une jeune chanoinesse ; cependant…
— Ah ! toutes les mères ne sont pas bonnes comme la mienne.
— Oh ! tous les maris ne sont pas bons comme Valbouillant.
On s’était assis, on s’observait ; tous avaient envie de voir la confiance et la liberté s’établir, mais personne n’osait rompre la glace. L’évêque sourit de l’embarras général, et, prenant Laure par la main, la mena à Mme Valbouillant.
— Souffrez, dit-il, que je vous offre une jeune initiée ; elle a d’heureuses dispositions, et, docile à vos conseils, elle saura respecter les préjugés en public et s’en dépouiller en particulier. Je demande votre amitié pour elle ; bannissant entre nous tout respect humain, soyons dans ma retraite comme nous étions dans votre retraite d’Avignon.