avoua que de sa vie elle n’avait conçu l’idée d’un plaisir aussi ravissant ; elle nous pressait sur son sein son mari et moi, et gémissait de ce que la nature humaine accordait si peu de force pour savourer et prolonger la volupté. Ce dernier combat ayant épuisé nos ressources, nous nous retirâmes pour la laisser chercher, dans les bras du sommeil, le repos que nous allâmes prendre, chacun de notre côté, dans nos lits.
Le lendemain, je fus réveillé à onze heures par la jeune Babet, filleule de Mme Valbouillant, qui vint me dire qu’elle m’attendait pour déjeuner avec du chocolat, et que je vinsse dans l’état où je serais.
Comme j’aurai occasion de parler de Babet, et, pendant qu’elle est dans ma chambre, j’en vais crayonner le portrait. Elle avait à peine quatorze ans ; sa taille, haute et légère, aurait pu servir de modèle à l’Albane pour peindre la plus jeune des Grâces ; un sein petit et dur commençait à s’arrondir autour de deux boutons vermeils et frais comme la rose, et qui paraissaient à l’œil comme deux fraises appétissantes que le soleil n’a fait encore que rougir légèrement ; son front brillait du coloris de l’innocence ; dans ses yeux on commençait à entrevoir le plaisir d’aimer encore méconnu, et la gaîté naïve, entr’ouvrant sa bouche de corail, allait creuser dans ses joues deux fossettes charmantes.
Je l’avais peu remarquée jusqu’alors ; malgré les fatigues de la nuit, le démon du matin ne me laissa pas maître de voir sans émotion tant de charmes. Je me fis répéter trois fois le sujet de