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Faites que le salaire des femmes soit augmenté, mettez-le en rapport avec le produit obtenu, élevez-le en proportion des nécessités de la vie, et il n’y aura pas d’excès alors, ni de trop grande déperdition de forces, amenant fatalement la corruption, l’étiolement, la mort même.

On prétend que c’est l’excès de travail des femmes qui cause l’abâtardissement de la race. Certes, l’excès de travail, chez la femme comme chez l’homme, est une atroce anomalie qui doit disparaître ; mais nous croyons, nous, que l’abâtardissement de la race provient bien plutôt de l’excès du vice et de la dépravation produite par la mauvaise répartition des salaires féminins, qui amène fatalement la débauche et tous les maux qu’elle engendre.

La femme ne doit pas travailler, dit-on, parce que cela détruit sa beauté et sa grâce. C’est là, certes, un noble souci de ceux que nous avons trop longtemps appelés nos maîtres et seigneurs ; mais, nous devons l’avouer, il ne nous semble pas que le travail détruise cette beauté.

Un travail normal développe le corps au lieu de l’exténuer, il maintient les forces dans un heureux état d’activité, il équilibre les diverses facultés physiques, et leur donne une expansion nouvelle et une plénitude de vie qu’on rencontrerait difficilement dans les êtres affaissés, ramollis, souffreteux, presque infirmes, condamnés à l’oisiveté.

Il est, certes, très bien de s’occuper de la beauté physique, mais la beauté morale ne doit pas non plus être tout à fait laissée de côté. Or, je le dis bien haut, le seul moyen de progression et de perfectionnement qui nous soit donné, c’est le travail. Par lui l’esprit se développe, le cœur se fortifie, l’intelligence s’élève ; par lui on oublie la souffrance, par lui on prend plus d’énergie pour lutter et pour vaincre ; par lui, enfin, on peut davantage supporter l’adversité, on peut mieux combattre le mal et dompter la vie.