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vailleur en général, et de la femme pauvre en particulier, l’esclave, le serf de la société moderne, spéculable à merci et à miséricorde !

Le travail est une loi nécessaire à laquelle nous devons tous obéir sous peine de déchéance et d’affaiblissement. Tout dans la nature se meut et travaille, et c’est la réunion de ces activités, de ces aptitudes diverses qui produit le bien, qui crée la sublime harmonie des êtres et des choses.

Pourquoi donc l’homme n’agirait-il pas ainsi que la nature ? Pourquoi se priverait-il inconsidérément d’une des forces qui composent son individu humain ? Pourquoi enfin ne pas équilibrer les facultés diverses de ces deux éléments constitutifs de l’humanité : l’homme et la femme ?

On prétend que le travail épuise et tue, et l’on a cité la dissemblance qui existe entre les femmes de Bordeaux, Marseille, et celles des villes manufacturières, Rouen, Lille, etc. On pourrait peut-être invoquer ici la différence des milieux hygiéniques ; pour les unes, le voisinage de la mer, pour les autres, la funeste nécessité d’habiter des caves sans air, sans espace et sans soleil. Mais cependant, admettons que la différence du travail soit pour beaucoup dans le développement de celles-là, dans l’étiolement de celles-ci. Certes, là la douleur est grande et les résultats sont terribles. Mais où donc et quand l’excès n’est-il pas un mal ? Est-ce à dire pour cela que le bien ne puisse se trouver à une certaine distance de cet extrême sans ne pouvoir se rencontrer qu’à l’opposé ? Faut-il conclure : La femme travaille trop, il ne faut pas qu’elle travaille du tout, et lui faire éviter le brisement produit par l’excès de travail, en la plongeant dans l’énervement causé par l’oisiveté ?