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Vous le voyez, votre idéal est vieux, bien vieux, c’est un grand pas fait… en arrière ; votre progrès est en effet immense, il touche aux confins du monde… passé et non futur. Mais espérons que nous ne nous arrêterons pas en aussi bon chemin, et que pour trouver un progrès plus grand encore nous remonterons jusque par delà le déluge.

On a beaucoup parlé des matrones romaines qui restaient chez elles, filant de la laine, et prenant part assises, auprès des dieux lares, aux événements qui agitaient et agrandissaient la République ; souvent même on a cité ces nobles femmes comme le modèle de l’idéal féminin.

Mais voyons, je vous prie, les choses de très près.

Les matrones romaines étaient les filles, les femmes des patriciens, — les femmes des plébéiens n’existent pas pour l’histoire, — elles avaient par leur position et en raison même de leur fortune, une grande maison à tenir, à diriger ; elles ne restaient pas inactives celles-là, elles étaient fort occupées, je vous assure. En serait-il de même en notre temps, alors que la fortune tend, — avec justice, — à se partager, à se diviser, à se répandre de plus en plus sur chacun en quantité normale, suffisante, mais restreinte ?