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On m’objectera peut-être les républiques de l’antiquité où, malgré la liberté, les femmes restaient modestement au coin de leurs foyers, où leur influence s’exerçait d’une façon tout occulte, sans leur donner aucun droit, ni civil ni politique.

Mais les républiques de l’antiquité restaient malgré leurs grandioses théories et leur magnifique développement artistique, encore bien voisines de la barbarie. Elles n’étaient pas civilisées au point de vue humanitaire. La liberté concentrée sur quelques-uns faisait défaut au plus grand nombre. Le bien-être était pour certains et ne tendait pas à se répandre à tous. Le principe de M. de Bismark, « la force prime le droit, » était déjà dans son plus beau point de développement, et ces républiques oligarchiques et aristocratiques composées de philosophes, d’artistes, de poètes possédaient sans remords des ilotes, des esclaves. Il n’est donc pas étonnant que la femme d’alors ait été tenue dans un état de dépendance, presque de servilité dont certains, — des pères surtout, — s’efforcèrent de la tirer.

Mais le plus grand nombre ayant l’esprit faussé, le sens moral oblitéré par l’habitude, trouvait tout naturel, et même légitime, qu’il y eut des esclaves et des femmes en tutelle.