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Enfin, vous, les fils de la France, de la grande nation civilisée, la première, entre toutes, pour les idées humanitaires, ne redoutez pas de suivre l’exemple et de la libre Angleterre, et de la jeune Amérique, et même de la barbare Russie qui ont, sans rougir, des docteurs féminins, et possèdent même, — jugez de l’abomination, — des médecins en jupons pour soigner leurs jeunes filles. Ne vous laissez pas davantage devancer par ces nations rivales, et faites tomber les barrières qui éloignent encore les femmes des Facultés.

Il existe, en toutes choses, un enchaînement logique et inévitable des effets aux causes. Si la race est si profondément gangrenée, que beaucoup désespèrent de l’assainir jamais, la faute en est à vous, à votre négligence au sujet de la femme, à l’asservissement dans lequel vous la tenez par un travail salarié d’une manière dérisoire et tout insuffisante ; enfin, à l’infériorité intellectuelle chronique dans laquelle elle croupit encore en notre siècle de lumière, de science et de progrès.

La dépravation des mœurs actuelles inquiète et afflige tout penseur, mais remontez à la source. Les peuples et les races sont comme les plantes qui revivent et qui croissent par les bourgeons naissants ; créez donc une autre race pour l’avenir.

Fortifiez la femme par une solide instruction, relevez-la par l’indépendance acquise avec un travail normalement rétribué, donnez-lui conscience de sa dignité par la liberté, et ne craignez plus. Bientôt l’humanité régénérée marchera le front haut, le regard fier vers son radieux avenir.