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Vous ne pouvez invoquer contre l’émancipation sociale, civile et politique de la femme, votre argument péremptoire du salut de la famille. Car, en accomplissant en entier ses devoirs d’épouse et de mère, la femme peut aussi pratiquer ses devoirs sociaux et même politiques. Pourquoi ne ferait-elle pas œuvre de citoyenne, en prenant part à la chose publique, en votant, et non pas seulement en élevant des hommes, en créant des citoyens ?

Relevez la femme du joug absorbant sous lequel elle se courbe, et vous deviendrez forts, et la race sera régénérée.

Ne voyez-vous donc pas qu’en l’avilissant vous vous rapetissez vous-mêmes, et que, lorsque vous la maintenez sans cesse en bas elle vous entraîne avec elle et parfois vous plonge dans de malsains et impurs cloaques. Donnez-lui la liberté, car la liberté seule produit la dignité ; l’esclavage brise le ressort des âmes, engendre la lâcheté, les actions viles et basses, a pour résultat le vice, la corruption, et pour conséquence finale l’affaissement moral, l’abâtardissement, la dégénérescence de l’espèce.

Soyons donc tous libres, messieurs, afin d’être sains et forts.

Ce n’est pas tout encore. Ce que nous voulons enfin, c’est l’instruction, l’instruction large et complète ; car c’est par elle que nous murirons, c’est par elle que tous les progrès deviendront possibles et praticables. Nous réclamons donc pour tous et pour toutes une éducation réellement supérieure.

Dans ces dernières années, deux heureuses tentatives ont été réalisées : la création des écoles professionnelles par madame Lemonier, et les cours supérieurs inaugurés par M. Duruy.

Les écoles professionnelles sont, au point de vue