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elle le bien-être honnêtement acquis, et bien certainement elle préférera le bonheur calme et profond du devoir accompli et les immenses joies de la famille aux folles ivresses, qui brisent et qui tuent. Et les mœurs deviendront plus pures, et le niveau moral s’élèvera.

Ce qu’il faut aussi, c’est soustraire la femme à l’influence morbide que répand sur elle ceux qui trop longtemps l’élevèrent sur et à leurs genoux, et qui anéantissent sa volonté et l’empêchent de penser. Pour cela que le père s’occupe davantage de l’éducation de sa fille, qu’il veille sur elle et lui fasse donner, tout au moins, une instruction professionnelle qui la prémunisse contre les menaces de l’avenir. À l’œuvre donc, messieurs, à l’œuvre tous et toutes, c’est une sainte croisade qui commence, celle-là, et qui n’aura pas pour résultat du sang versé, mais des larmes séchées.

Ce que nous réclamons aussi, messieurs, c’est notre affranchissement, affranchissement social, civil et même politique.

Et, n’est-il pas honteux que notre législation fasse de la femme une mineure perpétuelle, qui ne peut rien résoudre par elle-même, et à qui il est à peine permis de témoigner en justice sans le consentement de son mari ?