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la terre est loin d’être épuisée, mais bien souvent les bras lui manquent. La science, les inventions, les champs offrent de vastes horizons à l’activité masculine. Il n’y a pas à redouter que jamais les femmes n’usurpent vos prérogatives en cela, ce n’est pas dans leur nature.

Mais à présent tout est anormal.

Les femmes se corrompent et s’épuisent à Paris par la modicité des salaires qui entraîne la débauche ; et la terre, en de certains endroits, devient infertile par manque de culture convenable.

Je connais la campagne, messieurs, et je sais que fort souvent on est obligé d’employer des femmes pour les travaux des champs, ne trouvant pas d’hommes pour les faire ; et pourtant on élève parfois les salaires jusqu’à 4, 5 et même 6 francs par jour. Que font cependant ces beaux jeunes gens, frais damerets, qui s’étalent dans nos nombreux magasins de nouveautés, frisés, parfumés, se dandinant devant un comptoir, attendant la venue des belles et galantes pratiques ?

Si les hommes étaient à leur place, les femmes seraient à la leur.

Et chacun ne conviendra-t-il pas avec nous que nombre d’emplois dans les magasins, les industries et même les administrations seraient mieux tenus par des femmes ? Si cela était, combien de jeunes gens, qui viennent s’étioler à Paris et dans les autres grands centres, resteraient dans les campagnes et feraient porter à la terre des fruits plus nombreux et meilleurs.

L’absurde préjugé, qui fait de l’agriculture une position infime, disparaîtra bientôt avec les aventureux spéculateurs qui ôtent à la terre une partie de sa valeur en donnant une valeur surfaite à leur faux or et à leur argent frelaté. On comprendra dans peu que nul ne mérite plus d’honneur que les