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portent les travaux de force, et qu’en pourrait-elle faire ?

Les femmes fortes sont des anomalies, comme le devraient être les hommes faibles qui n’existent qu’à l’état de dégénérescence.

Que l’homme et la femme s’adonnent donc à des travaux qui soient en rapport avec leurs prédispositions normales, et la tension cessera, et les déchirements prendront fin avec les infractions aux lois naturelles qui en sont les causes premières. Pourquoi la rivalité et l’antagonisme entre eux, alors que la fusion seule devrait exister, et l’union tout féconder ?

Certes, il est nécessaire que la femme produise et gagne, mais il ne faut pas que son travail ne serve qu’à faire baisser les salaires de l’homme : à produit égal, rémunération égale, voilà la stricte justice. On ne doit point baser la rétribution des salaires sur les besoins du travailleur, mais sur la somme des produits obtenus par son travail. Il est grand temps que la scandaleuse anomalie de la différence des salaires pour un semblable résultat disparaisse à jamais. Et n’est-il pas odieux que, sous le prétexte spécieux que la femme a de moindres besoins que l’homme, on s’autorise à la rétribuer deux, trois et même quatre fois moins que lui ?

Pourquoi craindre que les femmes envahissent les travaux des hommes et les excluent de certaines positions ? Si tout ce qui demande des mains légères et fines leur était dévolu, n’y aurait-il rien que de juste et de très naturel ? Bien d’autres travaux appellent les hommes : ceux de la grande pensée et ceux du sol ; nous avons encore d’immenses recherches, de nombreuses découvertes à faire, et