Page:Mink - Le Travail des femmes, 1868.pdf/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de quelle lutte, de quelles privations ! — ou ses vieux parents, ou son mari lui-même, maladif, et augmenté de deux ou trois enfants. Lui refuserez-vous le travail, à cette femme noble et courageuse ?

Ne niez donc pas la nécessité d’une réforme sociale féminine, même lorsque la réforme masculine aura eu lieu et sera arrivée à son plus haut point de développement.

Les deux questions sont connexes, et on affecte trop de couloir les résoudre à l’exclusion l’une de l’autre.

Tôt ou tard, — et tôt nous l’espérons, — le travailleur sera enfin soustrait à la succion de l’exploiteur ; le producteur participera d’une façon large et entière au bonheur qu’il procure et développe, il jouira, par son travail, d’un bien-être normalement et moralement acquis. Mais par cela qu’une iniquité flagrante aura cessé, en laisserez-vous subsister une autre tout aussi grande encore ?

Et dites-moi, parce que la femme pourra travailler à sa volonté, parce qu’il lui sera possible de vivre par son labeur équitablement productif, cela forcera-t-il l’épouse, la mère à déserter le sanctuaire de la famille ?

Si le mari peut, par son travail, subvenir largement aux besoins de tous, — et c’est ce qui arrivera avec la juste répartition due aux travailleurs, — pensez-vous que la femme ira s’astreindre à un ouvrage quelconque loin de sa maison, et qui la détournerait de ses doux devoirs de mère, qu’elle aime tant à remplir ?