Emiens, qui furent les maîtres de Kiriathaïm. On m’a beaucoup vanté ta force prodigieuse, et les exploits que l’on te prête sont, à mes yeux, incroyables. Ce qui me fâche, c’est que jamais je n’assistai à ces combats où j’eusse pu, en champ-clos, me mesurer avec toi. Maintenant, je suis venu pour voir celui dont le renom a fait tant de chemin, observer ces muscles si redoutables et m’assurer si leur apparence répond à ce qu’on en dit.
Le moyen de l’apprendre ce serait non de les regarder, mais de les éprouver.
Me défierais-tu déjà ? Je te croyais dompté par les fers et par la meule que tu tournes : Oh ! si la fortune m’eût conduit à ces champs où avec la mâchoire d’un âne tu accomplis, dit-on, de si grandes merveilles, moi avec d’autres armes je t’eusses contraint à te confesser vaincu, et là ou l’âne gisait déjà, j’eusse laissé ton triste corps. La Palestine ainsi se serait vue enlever l’honneur des prouesses éclatantes ; un Philistin l’eût arrachée à ces incirconcis, dont ta vaillance et tes exploits ont porté le nom si haut. Cette gloire, que certes j’eusse emportée d’un duel à mort avec toi, je l’ai perdue, grâce à tes yeux que l’on t’a arrachés.
Ne te vante pas de ce que tu aurais voulu faire, mais fais ce que tu eusses fait alors, et vois ce que peut ton bras.