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son cercle d’un mois toujours finissant, toujours renouvelant au milieu du soleil, par une lumière empruntée, sa face triforme. De cette lumière elle se remplit et elle se vide tour à tour pour éclairer la terre ; sa pâle domination arrête la nuit. Cette tache que je te montre est le paradis, demeure d’Adam ; ce grand ombrage est son berceau : tu ne peux manquer ta route ; la mienne me réclame. »

Il dit, et se retourna. Satan s’inclinant profondément devant un esprit supérieur, comme c’est l’usage dans le ciel où personne ne néglige de rendre le respect et les honneurs qui sont dus, prend congé : vers la côte de la terre au-dessous, il se jette en bas de l’écliptique : rendu plus agile par l’espoir du succès, il précipite son vol perpendiculaire en tournant comme une roue aérienne ; il ne s’arrêta qu’au moment où sur le sommet du Niphates il s’abattit.