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ques minutes, son apparence était complètement changée. On aurait dit un cheval d’argent, comme un énorme hérisson avec les dards de glaçon qui se formaient sur son corps à longs poils, à mesure que l’eau en découlait. Le travail pour décharger la charrette, la hisser sur la rive, porter nos effets jusqu’à elle et les recharger exigea un temps assez long ; et le cheval, habillé de glace, grelottant sous le souffle d’une bise piquante, était vraiment digne de pitié. Cependant une marche rapide pendant dix milles remit tout en ordre et les voyageurs rejoignirent sans autre aventure, au commencement du troisième jour, le fort Milton, comme La Ronde avait baptisé notre hutte.

Durant l’absence de Cheadle, Milton ni La Ronde n’étaient restés oisifs. Ils avaient dressé une couple de lits de camp qui, rembourrés d’herbe sèche et de peaux de bison, nous formaient les couches les plus délicates. Ils avaient achevé la porte, la fenêtre de parchemin et deux tables assez grossières ; l’une était destinée à la cuisine et l’autre aux repas.

Le 7 novembre, La Ronde traversa le lac sur la glace qui avait déjà quatre ou cinq pouces d’épaisseur. Il allait explorer la forêt du côté septentrional et chercher l’endroit le plus favorable à dresser nos trappes. Pendant son absence, nous nous occupâmes à placer des rayons, à faire des chandeliers, des chaises, etc. ; enfin à ranger nos biens et nos provisions ; de son côté, Bruneau construisait au dehors une plate-forme posée sur des poteaux élevés, pour y mettre notre viande en sûreté contre la voracité des loups et des chiens.

Nos amis indiens nous faisaient de temps à autre des visites où leur conduite était exemplaire. Quant à nous, nous étions avec eux parfaitement à notre aise depuis que nous avions serré le rhum à quelque distance, dans une cachette que dérobait maintenant tout à fait l’accumulation de la neige.

Les Cries des Bois diffèrent beaucoup par leurs habitudes et leurs caractères de leurs parents les Cries des Plaines. Les uns