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été sans difficulté qu’ils avaient retrouvé le camp. Jusqu’à minuit, nous continuâmes nos coups de fusil ; nous suspendîmes même en guise de fanal une botte enflammée à une des perches de la loge ; mais nous finîmes par être obligés d’aller prendre du repos sans notre compagnon.

Dès que l’aube parut, tout le monde se mit à la recherche ; mais on ne trouva rien. Enfin on signala un groupe de cavaliers qui se dirigeait vers nous ; c’était Treemiss qui arrivait avec une troupe de Cries. Il avait erré la veille jusqu’à la nuit noire ; puis, complétement égaré, il s’était réfugié dans un petit bois où il avait essayé d’allumer du feu, mais sans y réussir, car, allumettes, amadou et bois, tout était mouillé. Il était donc remonté sur son cheval fatigué et s’était efforcé pendant plusieurs heures de retrouver sa route. Enfin, trempé jusqu’aux os et presque engourdi par le froid, il avait eu la chance d’arriver à un camp d’Indiens. On l’y avait reçu avec beaucoup d’hospitalité. On l’avait conduit à la loge du chef, on avait séché ses vêtements, on lui avait servi de la viande et du thé indien, enfin, en guise de cordial, un peu d’eau chaude mêlée avec de la graisse. Cependant, malgré sa fatigue, il n’avait presque pas pu dormir de la nuit. Hommes ou femmes, les Indiens n’avaient pas décessé de faire la cuisine, de fumer ou de battre les chiens qui volaient. Ceux-ci en sortant d’une loge étaient saisis par d’autres qui les attendaient, et la mêlée entre eux était continuelle. Quand le matin fut venu, Treemiss réussit à faire comprendre à ses hôtes qu’il avait perdu son chemin. Aussitôt tous avaient sellé leurs chevaux et, comme d’instinct, l’avaient ramené droit à notre camp.

Nous donnâmes des poignées de main à nos visiteurs et, les faisant entrer dans la loge, nous passâmes à la ronde le calumet selon les règles de la politesse indienne. Pendant longtemps, ils se tinrent assis en rond, fumant sans dire un mot. Enfin, après quelque conversation préliminaire, le chef, qui était un beau