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sement. Cependant, à notre arrivée, nous fûmes salués par l’excellente nouvelle que, cette année, le bison s’était approché plus qu’il ne l’avait fait depuis longtemps. Les mâles étaient disait-on, à une journée, et les femelles, à deux journées à peine de distance.

La neige commença à tomber la nuit qui suivit notre arrivée et elle continua la plus grande partie du lendemain, jusqu’à couvrir la terre de plusieurs pouces d’épaisseur. Mais, à en croire M. Lillie, ce ne pouvait pas être encore l’ouverture de l’hiver ; la neige allait disparaître et faire place à un beau temps qui durerait quelques jours. Effectivement le dégel arriva dès le lendemain matin.

Les avis et les conseils de La Ronde nous avaient alors décidés à nous installer pour l’hiver près du lac au Poisson-Blanc parmi les paisibles Cries des Bois, à quatre-vingts milles environ au nord-nord-ouest de Carlton et à la lisière de ces forêts sans fin qui se prolongent aussi loin que possible vers le pôle arctique. Nous y trouverions, disait-il, un pays très-bon pour y tendre nos trappes dans un espace de quatre-vingt à cent milles de plaines ; il se pourrait même que le bison, qui avait déjà en grande quantité traversé la Saskatchaouane septentrionale, s’avançât jusqu’à une ou deux journées de notre résidence. Nous fîmes donc transporter nos provisions d’hiver dans le fort et nous nous préparâmes à tenter dans les plaines une expédition pour courre le bison, avant de penser définitivement à prendre nos quartiers d’hiver.

Milton se mit en route le jour suivant, avec les charrettes. Quant à Treemiss et à Cheadle, ils partirent dès l’aube à la recherche de deux ours gris qu’on avait aperçus la veille à cinq ou six milles de la place. Ils avaient l’intention de rattraper, s’ils le pouvaient, les charrettes le même jour. Après avoir parcouru plusieurs milles sous la direction de quelques métis, ils arrivèrent à la piste et la suivirent pendant une distance