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trouva inutile, car, dès la veille, lord Dunmore était parti. Deux jours après, les charrettes nous rejoignirent. Elles exigeaient quelques réparations qui nous retinrent deux jours de plus. M. Mackay, l’officier qui commandait le fort, nous reçut avec une gracieuse hospitalité. Il nous procura la distraction d’une visite faite aux métis et aux Indiens dont les loges s’élevaient en nombre considérable autour du fort. Nous y trouvâmes l’occasion de remplacer notre tente de toile par une loge indienne qui nous serait bien plus commode durant les froides nuits de l’hiver, car on y peut faire du feu au centre.

Les chasseurs métis venaient d’être rejetés dans le camp par les Sioux qui, les surprenant à quelque distance où ils coupaient du bois, leur avaient tué quatre hommes. Mais le reste des métis étant survenu, les Sioux avaient été repoussés à leur tour et avaient perdu un homme dont on nous fit voir l’arc et les flèches. Les Indiens qui visitent le camp sont des Cries, des Sauteux et des Assiniboines. Les métis se rattachent pour la plupart à quelqu’une de ces tribus, partagent l’hostilité de leurs parents contre les Sioux et les Pieds-Noirs[1], et se joignent ordinairement à leurs expéditions de guerre. Les femmes travaillent assidûment à la préparation du pemmican, qui se fait de la façon suivante : la viande, après avoir été séchée au soleil ou sur le feu, en tranches minces, est mise dans une peau de bison tannée ; puis on la frappe à coups de fléau jusqu’à ce qu’elle soit réduite en petits fragments et en poudre. Pendant ce temps, on fait fondre la graisse de l’animal. La viande écrasée est ensuite tassée dans des sacs de cuir de bison et, sur elle, on jette la graisse bouillante. Le tout est ensuite bien remué et mêlé de façon à ce qu’en se refroidissant il en résulte une espèce de gâteau aussi solide qu’un tourteau de lin.

  1. Les Pieds-Noirs sont au sud des Cries et de la Saskatchaouane méridionale, et à l’ouest des Assiniboines. (Trad.)