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de toute espèce, est, du matin au soir, encombré par une foule de colons et de métis, qui s’y rencontrent pour cancaner et pour se payer les uns aux autres des petits verres de rhum et d’eau-de-vie, autant que pour faire des achats.

La colonie de la Rivière Rouge s’étend par delà le fort Garry à une vingtaine de milles vers le nord, le long du bord de la Rivière Rouge, et à une cinquantaine vers l’ouest, le long de son affluent l’Assiniboine. Ceux des habitants qui sont les plus riches, demeurent dans des maisons en bois, grandes et bien bâties ; et les métis les plus pauvres, dans des huttes en poutres brutes, ou même dans des loges indiennes[1]. On y trouve plusieurs temples protestants, une cathédrale et un couvent de femmes catholiques, et des écoles de plusieurs dénominations. Les environs sont généralement des pays ouverts, une prairie plate ; à quelques exceptions près, les arbres de haute futaie ne poussent que sur le bord de l’eau. La colonisation remonte à l’année 1811. À cette époque, le comte de Selkirk acheta à la Compagnie de la baie de Hudson et aux Indiens Cries et Sauteux[2], une large bande de terrain se développant le long des deux rives de l’Assiniboine et de la Rivière Rouge. Le pays n’avait pas alors d’autres habitants que des tribus errantes d’Indiens. Il était de temps en temps visité par des employés des compagnies du Nord-Ouest et de la baie de Hudson, qui possédaient des comptoirs aux environs. De grands troupeaux de bisons, aujourd’hui repoussés bien loin à l’ouest de la Rivière Rouge, passaient dans ces prairies et descendaient dans les riches pâturages de l’État actuel de Minnesota jusqu’au Mississipi.

La première bande d’émigrants se composait de familles écos-

  1. Voyez p. 26. (Trad.)
  2. Les Cries ou Cristinaux et Knistineaux, s’étendent des Montagnes Rocheuses à la baie de Hudson, au nord des Pieds-Noirs, des Assiniboines, des Chipeouay et des Algonquins ; leur centre est au lac Rouge. Au sud-est de ce lac sont les restes des Sauteux ou Sauteurs, tribus des Chipeouays qui occupaient la source du Mississipi. (Trad.)