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campé dans une place abritée, avant le coucher du soleil, la veille, il avait eu le temps de protéger tous ses effets contre la pluie avant qu’éclatât la tempête. Nous ne tardâmes pas à faire un grand feu. Toute la journée fut employée à sécher ce que nous avions, et à réparer nos canots. Cette fois, notre succès fut complet. Les trous furent bouchés avec des morceaux de mouchoirs qui étaient enduits de résine. Mais nos souffrances étaient loin de toucher à leur fin. Une hache se brisa, ainsi que le manche de notre poêle à frire. Cela nous réduisit désormais à couper le bois pour notre feu avec nos couteaux de chasse et à manier notre ustensile de cuisine au moyen d’un bâton fendu.

D’ailleurs, l’espérance que nous avions d’avoir une bonne nuit de repos fut cruellement désappointée. Deux heures environ avant l’aube, les roulements lointains du tonnerre nous réveillèrent. Immédiatement nous fûmes sur pied, et nous nous occupâmes à mettre tout à l’abri aussi bien que possible. Peu après, une tempête, presque aussi terrible que celle de la nuit précédente, fondait sur nous. Nos vêtements imperméables se trouvèrent trop courts pour nous garantir du déluge d’eau qui inondait la terre et pénétrait dans nos couvertures. Cependant nous eûmes le bonheur d’empêcher nos allumettes de se mouiller et, dès que la pluie eut cessé, nous pûmes faire du feu. Mais, vers midi, tous nos effets furent de nouveau trempés et il nous fallut passer le reste de la journée à sécher, comme auparavant, nos couvertures et nos vêtements.

Le troisième jour après notre arrivée dans ce camp des Désastres, juste comme nous étions prêts à partir, nous fûmes encore attrapés par une terrible tempête et par le tonnerre, et réduits de nouveau à la même condition pitoyable. Nous nous remîmes à tordre nos pantalons, nos chemises et nos couvertures, et à nettoyer nos fusils, d’assez mauvaise humeur, car nous commencions à désespérer de jamais pouvoir quitter ce lieu, témoin de nos contre-temps.