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d’essayer de s’y établir ne pourrait y trouver que ruine et désespoir[1].

Combien différèrent de ces vieux récits les premiers rapports qu’on envoya en Angleterre quand le flot des immigrants se fut répandu sur ce pays de l’or ! L’intérêt des spéculateurs et des propriétaires était alors d’y attirer les aventuriers par des louanges exagérées, comme ç’avait été celui de la Compagnie de la Baie de Hudson de les en éloigner pour conserver sa possession intacte en la représentant comme un désert inhabitable. Alors les relations les plus éblouissantes furent adressées aux principaux journaux, qui les insérèrent. Cette nouvelle colonie devint un véritable paradis pour le fermier, et bien des hommes laborieux, alléchés par ces promesses, arrivèrent pour être cruellement désappointés par la réalité. Ni l’un ni l’autre de ces comptes rendus n’est exact. Comme il arrive ordinairement dans des cas pareils, la vérité se trouve entre les extrêmes, et nous avons cru devoir exposer nettement ce qu’elle est, afin de dissiper les injustes préventions qui se sont formées à ce sujet.

Maintenant, s’il est vrai que la Colombie Britannique n’enferme dans ses limites qu’une quantité peu considérable de terres bonnes pour les travaux de l’agriculteur, il l’est aussi qu’elle n’est séparée que par la barrière des Montagnes Rocheuses du bassin fertile de la Saskatchaouane. Nous avons déjà parlé dans cet ouvrage des beautés et des ressources de cet agréable pays. Les riches prairies y ont un sol alluvial de trois à cinq pieds de profondeur et n’attendent que la charrue. Elles offrent leurs herbages sans fin, qui, dans les temps antérieurs, ont engraissé d’innombrables bandes de bisons, à nos troupeaux domestiques. Les forets, les lacs et les cours d’eau varient le paysage et promettent leurs bois de construction, leurs poissons et leurs mil-

  1. Voyez Prize Essay on British Columbia, by the Rev. R. C. L. Brown, K. A., minister of Saint-Mary’s, Lilloet. (Éd.)