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arbres avaient été publiés ou marqués à la hache depuis longtemps, et de vieilles trappes à martre, rencontrées de distance en distance, nous prouvèrent que nous étions enfin arrivés au bout d’un ancien chemin de trappeurs qui venait de Kamloups. La vallée commençait à s’élargir rapidement, les hauteurs diminuaient, la voie devenait de plus en plus battue et, le 22 à midi, nous poussâmes des cris joyeux au sortir des ténèbres de la forêt où nous avions été si longtemps au cachot, et en entrant dans une belle petite prairie. Devant nous s’étendait un pays libre, ouvert, varié, avec des collines arrondies et des bandes de sol boisé. D’un commun accord, nous nous arrêtâmes. Nous couchant sur le vert gazon, nous nous chauffions au soleil, et nos bêtes en liberté paissaient l’herbe de la prairie dont la fertilité dépassait ce que nous avions vu depuis Edmonton.

Le jour avait un éclat et une beauté admirables. On comprendra le bonheur que nous avions à contempler ce ravissant paysage, si l’on veut réfléchir que, depuis onze semaines au moins, nous avions marché sans relâche et que, depuis un mois, nous avions été perdus dans la forêt, affamés, épuisés de fatigue, presque sans espoir d’en sortir. M. O’B. lui-même, qui s’était remis avec une nouvelle ardeur à l’étude de Paley, leva les yeux de dessus son livre par intervalles et s’aventura à exprimer l’espérance qu’après tout nous pourrions bien échapper aux dangers. Il daigna nous donner des conseils sur la conduite que nous avions à suivre dans les circonstances qui s’annonçaient plus favorables.