Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais des chaînes de montagnes, séparées uniquement par de fort étroits ravins, y pénétraient du nord-est et du nord-ouest par des angles de quarante-cinq degrés et comme elles venaient baigner leurs pieds dans l’eau presque perpendiculairement, elles s’opposaient très-désagréablement à notre marche.

Le 1er août, nous nous trouvions en face d’une belle montagne couverte de neige et qui avait l’air de nous fermer la route de la vallée. L’idée nous vint que c’était sans doute la seconde des deux que la vieille femme de La Cache nous avait décrites comme points de repère, en nous assurant qu’elles n’étaient pas éloignées du fort Kamloups. Milton, pour rendre à son compagnon la politesse qu’il en avait reçue précédemment, donna à cette montagne le nom de Mont Cheadle. La rivière en cet endroit devenait plus large et moins rapide, et même se divisait en plusieurs bras qui entouraient des flots bas et boisés. Sur notre droite, on ne voyait plus qu’une montagne neigeuse : nous l’appelâmes le mont Sainte-Anne ; mais, en espérant voir notre route se débarrasser, nous nous étions trompés.

Après l’avoir frayée encore deux jours, L’Assiniboine était forcé d’y renoncer à cause de l’état où se trouvaient ses jambes et ses mains déchirées par les ronces, et pourtant nous n’avions pas fait plus de deux ou trois milles par jour ; nous pensâmes donc à sortir de l’étroite vallée qui nous enfermait, car nous espérions trouver plus haut un terrain moins couvert. Mais les flancs de la montagne étaient trop escarpés. Les chevaux roulaient au bas l’un après l’autre, en se heurtant contre les troncs abattus ; et nous dûmes renoncer à monter. Le 3, nous trouvâmes un marais d’environ trois cents mètres de long et où les arbres étaient assez rares. C’était la première éclaircie que nous eussions rencontrée depuis dix jours. Le changement des ténèbres de la forêt à l’éclatante lumière du soleil, nous fit mal aux yeux ; mais releva nos courages. Le pâturage, sans être de bonne qualité, y abondait. C’était un vrai bienfait pour nos chevaux