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idée de ces amas de futaies, et du caractère impénétrable d’un tel pays. Les sapins elles thuyas atteignent toutes les dimensions : les patriarches de trois cents pieds de haut s’élèvent dans une solitude majestueuse ; les jeunes se réunissent en groupes épais, luttant pour prendre la place de quelque géant abattu. Les arbres tombés gisent empilés ça et là, formant des barrières qui souvent sont hautes de six à huit pieds en tous les sens. Des troncs de cèdres énormes, tombant en pourriture, et changés en tas de mousse, sont à demi enterrés dans le sol, sur lequel d’autres arbres aussi puissants se sont récemment couchés ; des arbres encore verts et vivants, qu’ont renversés de récents ouragans, bloquent la vue par la muraille de terre que retiennent leurs racines entrelacées ; troncs vivants, troncs morts, troncs pourris, troncs desséchés et sans écorce, troncs humides et verts de mousse, troncs ébranchés et troncs branchus ; renversés, couchés, horizontaux, penchés dans tous les angles ; futaie de toute croissance, dans tous les âges de la vie et de la décomposition, dans toutes les situations possibles, emmêlés suivant toutes les combinaisons imaginables. Si le terrain est marécageux, il est plein de cornouillers. Ailleurs ce sont des fourrés d’aralies, des lianes traçantes et grimpantes, entortillées, aux feuilles larges comme celles de la rhubarbe, montant trop souvent aussi haut que les épaules. La tige et les feuilles en sont couvertes de fortes épines qui percent les vêtements quand on essaye de se frayer un chemin à travers leurs masses entremêlées, et rendent écarlates les jambes et les mains des pionniers par l’inflammation que produisent les myriades de leurs piqûres.

L’Assiniboine marchait en tête la hache à la main, sa femme le suivait, conduisant un cheval, puis venait le reste de la bande, à la file, chacun menant deux ou trois chevaux. M. O’B. avait alors été dressé à se charger d’une bête de somme qu’il dirigeait très-bien quand les circonstances étaient favorables. Mais, s’il avait été malaisé de maintenir en ordre notre caravane quand