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Le lendemain matin, L’Assiniboine était debout de grand matin. Il passa le bras occidental au moyen d’un pont naturel que formait l’accumulation, sur un banc de sable, des troncs emportés par les inondations ; bientôt il reconnut une trace qui remontait le bras du nord-ouest dans la direction du Caribou ; mais elle finissait brusquement après un mille environ, comme il s’en assura. Le ravin était étroit, les rives escarpées et boisées très-dru ; enfin des montagnes calcaires surgissaient en face.

Évidemment les émigrants avaient reculé devant les difficultés qu’ils rencontraient à se tailler une route qui les conduisît au Caribou, et ils avaient pris le parti de tourner vers Kamloups. En effet, L’Assiniboine trouva une autre trace, d’accord avec cette supposition, et qui descendait la rivière dans la direction du sud. Le moment était donc venu pour nous de nous décider à essayer de pénétrer dans le Caribou ou à suivre la piste dirigée sur Kamloups.

Nous tînmes conseil et, après une longue discussion, nous convînmes qu’avec nos forces diminuées, nos chevaux fatigués, nos provisions tirant à leur fin et la seule hachette dont nous disposions, il ne nous serait pas possible de nous couper une route à travers la région presque impénétrable de l’ouest. Ce ne fut pas sans un sentiment de profonde amertume que nous renonçâmes à notre projet si longuement médité de trouver un chemin qui conduisît droit aux champs de l’or ; mais la tentative nous en paraissait désespérée et nous fîmes tristement nos paquets pour nous transporter sur la rive de l’ouest. Le pont de bois flotté nous épargnait la peine de faire un nouveau radeau ; mais ce fut une rude besogne que de passer notre bagage à dos. Les troncs empilés irrégulièrement rendaient notre marche glissante et difficile, et le courant pénétrait ce barrage avec tant de violence que le mouvement et le fracas étourdissant des eaux nous faisaient tourner la tête. Quand nous eûmes franchi ce pont, qui avait au moins quarante mètres de long, il nous fal-