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et que M. O’B., qui s’obstinait à garder ses bottes au lieu de moccasins, les trouva si fortement glacées qu’il nous fallut attendre pour partir qu’elles fussent dégelées. À midi, le jour suivant, nous gagnâmes un petit lac très-pittoresque, de forme circulaire et enfermé dans une enceinte de montagnes élevées,’ aux flancs abrupts et décharnés. Un plongeon solitaire qui se tenait sur la surface du lac, d’où il envoyait ses notes plaintives, ajoutait encore au caractère sauvage de cet endroit.

La flore dans les clairières était très-gaie. Le lis martagon, les roses, la gallardia picta, la bourrache bleue, la vesce blanche ou purpurine, l’orchide rouge et la violette des marais s’y faisaient remarquer. À partir du lac, les chemins s’en allaient en plusieurs directions. Celui que nous prîmes finissait au bord de la rivière. Nous en trouvâmes un autre, vieux, effacé, qui ne nous conduisit pas bien loin, se terminant à une construction de bois non dégrossi, trop petite pour a,oir été une demeure, et qui nous semblait &foir dtl servir de cache pour garder la viande. Ici, la rivière s’élargissait en forme de lac[1] sur une étendue d’un mille en long et d’un demi-mille en large. Nous nous établîmes là pour la nuit, espérant bien retrouver le bon chemin le lendemain. Les moustiques et les taons nous y tourmentèrent plus que jamais, et les chevaux ne purent pas se tenir en repos de toute la nuit. M. O’B. avait préféré coucher à la belle étoile. Il ne ferma donc pas l’œil, s’attendant toujours à être foulé aux pieds des chevaux, qui s’obstinèrent à passer sur lui, malgré les avertissements qu’il leur prodiguait à coups d’une gaule mise dans ce dessein près de sa couche. Vers la fin de la nuit, il voulut aller se réfugier dans la loge. Milton, qui révait alors, s’éveilla en poussant un cri. M. O’B., éperdu d’effroi, criait de son cOt6 :. Mon Dieu ! mon Dieu ! quelle horreur ! -Ou’est-ce que c’est ! – Ce n’est que moi, O’B. : ne tirez pas, milord !

  1. Est-ce le lac Burnt ? (Trad.)