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tirer parti de cette faiblesse pour le guérir une bonne fois de son incurie à rester en arrière, jusqu’à perdre de vue la compagnie. Il l’attendit, caché derrière les arbres, près de la voie, et, quand M. O’B. passa, il jeta un si horrible hurlement que le malheureux, prenant les jambes à son cou, vint chercher près des autres une protection qu’il n’abandonna plus durant quelques jours. Un soir que nous étions assis pris du feu du bivouac, un mouvement dans les broussailles attira nos regards et nous crûmes voir se remuer un objet sombre et informe qui, à la lueur obscure et vacillante du feu, avait bien l’apparence d’un ours. M. O’B. s’élança vers nous dans la terreur la plus honteuse ; mais cet objet, entrant en pleine lumière, nous fit voir un pied chaussé d’un moccasin. C’était le jeune Assiniboine, qui, enveloppé d’une robe de bison, s’était mis à quatre pattes pour faire peur au vieux.

Trois jours après avoir passé la Pembina, nous nous arrêtâmes pour dîner dans une prairie marécageuse qu’avait formée une digue formée par les castors à travers un cours d’eau ; elle ressemblait tout à fait à celles que nous avions remarquées près de la rivière du Chien et à Edmonton. Ces endroits avaient maintenant beaucoup de valeur pour nous, car ils étaient les seuls espaces ouverts où nous pussions trouver à faire paître nos chevaux, jusqu’à notre arrivée aux montagnes. Ils étaient fort communs le long de notre route et, le plus souvent, un monticule herbeux et un terrassement au travers de la prairie nous signalaient la vieille maison des castors et leur digue. Entre la Pembina et l’Athabasca, il n’y a presque aucun cours d’eau, hormis la grande rivière Mac Leod, qui n’ait pas l’air d’avoir été détruit par le travail de ces animaux. La région tout entière n’est guère qu’une succession de muskegs, séparés par d’étroites lignes de terrain plus élevé, et il serait curieux d’examiner si l’énorme espace de terrain, marqué sur les cartes comme marécageux, n’a pas été mis dans cet état par les travaux du castor,