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Dans les vallées de cette région, la neige s’accumule jusqu’à prendre des profondeurs effrayantes. La première fois que M. Pembrun campa dans les montagnes, il voulut balayer la neige avec une des chaussures qu’on nomme raquettes, comme on le fait ordinairement, quand, en hiver, on met son bivouac dans la plaine. Après avoir déjà pratiqué un trou à s’y fourrer tout entier, et ne trouvant pas le fond, il sonda avec une longue perche sans rien trouver davantage ; changeant alors de dessein, il se bâtit une plate-forme avec des troncs verts, et y installa son feu et sa literie. Par la suite, en été, comme il passait dans le même endroit, il reconnut aux grands troncs des arbres qu’il avait coupés, son ancien lieu de repos, et fut bien étonné de le voir perché à une trentaine de pieds au-dessus du sol. C’était l’élévation de la neige lors de sa première visite.

Il vint aussi à Edmonton une compagnie des mineurs qui avaient lavé de l’or au ruisseau de la Boue Blanche (White Mud Creek[1]), situé à une cinquantaine de milles vers le haut de la Saskatchaouane. Leur chef était un Kentuckien nommé Love. Il rapportait un petit sac de belle poudre d’or, et nous assura que chaque homme avait déjà, depuis le commencement de l’été, recueilli quatre-vingt-dix livres sterling (2250 fr.). Néanmoins, d’après les informations que nous obtînmes d’ailleurs par la suite, nous sommes restés persuadés que le rapport du Kentuckien était entaché d’exagération. Love, après avoir traversé la Californie et la Colombie Britannique, était parvenu sur la Saskatchaouane en remontant en bateau le cours du Fraser, et en passant les montagnes à pied par le col Leather[2] jusqu’à Jasper-House. Il ne doutait pas qu’il n’y eût de riches gisements sur le versant oriental des montagnes, et déjà trois de ses compagnons étaient partis pour pousser leur exploration jusqu’aux

  1. N’est-ce pas dans les environs du vieux fort de la Terre Blanche ? (Trad.)
  2. C’est aussi le col de La Cache de la Tête Jaune ; v. p. 194. (Trad.)